Les espaces productifs en France

Paragraphe argumenté

     L’économie française repose sur des espaces productifs qui organisent le territoire français. Un espace productif est un espace aménagé et mis en valeur pour une activité économique. Ils sont au nombre de trois : les espaces agricoles, les espaces industriels et les espaces de services. Les espaces productifs connaissent de nombreuses mutations dues à la mondialisation. Comment les espaces productifs français évoluent-ils ?

 

    Le Mont-Saint-Michel se situe au bord de la Manche, dans la région Normandie. Sa fréquentation est importante (env. 3,5 millions de touristes par an, 20 000 visiteurs par jour en été), grâce notamment au classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979. Les aménagements touristiques sont le parking pour les touristes et la route d’accès. Les nouveaux aménagements prévus sont un pont-passerelle, une digue-route et un nouveau parking. On souhaite les réaliser pour ralentir l’ensablement du Mont en restaurant les courants marins de la baie. Alors que les élus de la région estiment qu’il faut préserver le Mont, les commerçants du site pensent que la trop longue distance à effectuer à pied pour se rendre au Mont fera chuter la fréquentation touristique.

La France est le pays le plus visité au monde avec plus de 75 millions de touristes chaque année. Les raisons sont multiples : diversité des paysages naturels (montagnes, littoraux), patrimoine culturel et historique diversifié (monuments, musées), parcs de loisirs, mais aussi tourisme vert. L’activité touristique de la France s’est fortement accrue tout au long du XXème siècle, grâce à l’élévation du niveau de vie et à la création des infrastructures pour le déplacement des touristes (routes, autoroutes, voies ferrées) et pour leur hébergement (hôtels, résidences, clubs...). Cependant, ces espaces touristiques peuvent aussi exercer une forte pression sur l’environnement (ex : baie du Mont-St- Michel). Les services dominent l’économie française : ils sont à l’origine de près de 80% des richesses. La tertiarisation de l’économie est de plus en plus marquée car les deux autres secteurs (agriculture et industrie) font appel aux services pour développer leurs activités (ex : la recherche, banques, assurances, marketing…). À l’échelle nationale, les métropoles et les littoraux sont les espaces de services les plus productifs car la demande y est la plus forte. À l’échelle locale, les services sont présents de manière diffuse dans les métropoles (commerces, banques, écoles...) et leurs quartiers d’affaires (ex : la Défense). Les activités de services marquent fortement le paysage de la périphérie : centres commerciaux, quartiers d’affaires, aéroports...

     Toulouse est un espace productif spécialisé dans les hautes technologies. Il accueille des activités de pointe (aéronautique, aérospatiale, informatique…). Pôle de compétitivité régional à vocation nationale et mondiale, il est dominé par des acteurs économiques majeurs (entreprises comme Airbus ou Alcatel, centres de recherches comme le CNES…). Cet espace productif s’organise à plusieurs échelles : locale avec les sites de production comme Aeroconstellation à Blagnac, régionale avec Aerospace Valley et européenne avec la construction de l’A380.

On trouve des espaces industriels sur l’ensemble du territoire français. Mais les facteurs de localisation des entreprises ont changé : autrefois, les entreprises s’installaient à proximité de l’énergie et des matières premières. Aujourd’hui, les espaces industriels les plus dynamiques (hautes-technologies) se situent à proximité de voies de communication, de réseau d’entreprises partenaires, et de main d’œuvre qualifiée (universités, centres et laboratoires de recherches). Ils se concentrent donc près des grandes villes, accentuant le phénomène de métropolisation. Dans les années 1970-1980, l’Etat développe des ZIP. Les espaces productifs industriels performants sont désormais ceux des hautes technologies : pôles de compétitivité qui s’intègrent à la mondialisation. Leurs activités sont davantage tournées vers la conception que la production. Les paysages industriels traditionnels de cheminée d’usines typiques des anciennes régions industrielles du Nord et de l’Est (pays noirs) disparaissent. Ces régions liées à l’industrialisation du XIXᵉ siècle et à l’industrie automobile sont aujourd’hui en crise, victimes de la délocalisation des emplois les moins qualifiés dans les pays émergents. Réhabilitations et reconversions tentent de leur rendre leur attractivité. (ex : Louvre-Lens ; Centre Pompidou-Metz).                                                                                 

                                                                                                   

    Le Grand Ouest regroupe la région Bretagne, Normandie, Pays de la Loire. Cet espace se caractérise par l’importance des activités agricoles et agroalimentaires, en particulier l’élevage laitier. Cette région produit 50 % du lait françaisCet espace productif se compose de différents éléments : les élevages laitiers, les coopératives laitières, les laiteries qui transforment le lait en produits laitiers. Les atouts naturels (bocage, climat océanique) ont permis le développement de cette activité. Un réseau de coopératives laitières permet de structurer cette activité et de collecter la production laitière afin de la transformer en produits agroalimentaires. Un réseau dense de transport permet de relier les élevages aux laiteries. Il s’agit essentiellement d’acteurs privés : les éleveurs, les laiteries. Les acteurs publics sont l’UE (politique agricole commune avec la politique des quotas). L’actualité récente a mis aussi en évidence le rôle de l’État et des collectivités locales lors de la crise des prix du lait afin de servir d’intermédiaire dans les négociations entre les producteurs et les laiteries. Pour faire face à la mondialisation, à la concurrence les élevages sont obligés de se moderniser, s’automatiser afin de réduire les coûts de production. La filière agroalimentaire recherche de nouveaux débouchés à l’étranger pour écouler la production et joue aussi sur la qualité des produits.

Même si la part de la population active employée dans l’agriculture est en forte baisse (2,6%), la France demeure la 1ère puissance agricole de l’UE (et le 4ème exportateur de produits alimentaires). Pour faire face à la mondialisation, l’agriculture a dû se moderniser : mécanisation, irrigation, développement de la filière agroalimentaire, utilisation d’engrais. Les régions agricoles se sont aussi spécialisées pour augmenter les rendements et la productivité : viticulture et cultures de fruits et légumes le long des fleuves (ex : Basse vallée du Rhône) ; céréaliculture dans les bassins parisien et aquitain ; élevage intensif en Bretagne. Les espaces agricoles restés à l’écart de la mondialisation (rural profond) sont aujourd’hui en crise. L’agriculture productiviste porte atteinte à l’environnement : pollution par l’utilisation de produits chimiques (engrais, pesticides) mais aussi par les rejets d’élevage hors-sol (élevage avicole et porcin en Bretagne), ou encore assèchement des nappes d’eau par l’irrigation. En réaction, se développent des pratiques agricoles plus soucieuses du développement durable, comme l’agriculture biologique, la création de labels (ex : Appellation Origine Protégée créé en 2008).

 

Les espaces productifs en France sont le cœur de l'économie. Les espaces productifs connaissent de nombreux changements à l’image d’une mondialisation en perpétuel bouleversement. Qu'en est-il dans les espaces territoires ultramarins français ?

Date de dernière mise à jour : 15/01/2024

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