Territoires, populations et développement : quels défis ?
Connaissances
Territoires, populations et développement
I. Une croissance démographique à plusieurs vitesses
Depuis 1950, la population mondiale a triplé.
De 7,5 milliards de personnes aujourd’hui, elle pourrait atteindre 9,7 milliards en 2050.
Les effets de cette croissance démographique sur les sociétés et les ressources constituent un défi majeur.
Quelles sont les causes et les conséquences des différentes trajectoires démographiques dans le monde ?
A. Un modèle théorique : la transition démographique
B. Les facteurs de la transition démographique
C. Des trajectoires démographiques différenciées
- La transition démographiquene touche pas tous les pays au même moment et avec la même intensité. Elle apparaît généralement avec les transformations économiques importantes.
- Les pays développés sont en situation de post-transition. Leur accroissement naturel est faible, parfois négatif (Japon) : ils conjuguent vieillissement de la population et natalité faible.
- Certains pays en développement et émergents sont en phase 2. C’est le cas de la Chine et de nombreux pays sud-américains. L’accroissement naturel diminue, parfois du fait de politiques antinatalistes (Chine).Le vieillissement de la population commence à y être perceptible.
- De nombreux pays en développement, notamment des PMA (pays les moins avancés) d’Afrique subsaharienne et certains paysd’Asie,conserventune natalité très dynamique. Leur population est très jeune.
II. Développement et inégalités
Quels sont les liens entre inégalités et développement ?
A. La difficile mesure du développement
Comment définir le développement ?
- Le développement est l’amélioration générale des conditions de vie d’une société en termes de logement, de santé, d’alimentation et d’éducation. Il est rendu possible par la croissance économique qui permet une hausse des revenus.
- La croissance économique n’est pas nécessairement synonyme de développement. Pour mesurer la production de richesse, l’indicateur utilisé le plus fréquemment est le PIB (Produit Intérieur Brut) ou le PIB/hab. (parfois exprimé en Parité de Pouvoir d’Achat pour tenir compte des différences de pouvoir d’achat des monnaies). Le coefficient ou l’indice de Gini mesure le degré d’inégalités de la distribution des revenus dans chaque pays.
- Un recours à l’Indice de Développement Humain (IDH). Créé en 1990 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), il permet d’avoir une analyse plus fine (la Chine est 86e). Les pays démocratiques redistribuent souvent mieux les fruits de la croissance.
Des situations et des évolutions contrastées
- 59 États sur 189 ont un développement très élevé et élevé en 2018 (contre 46 en 2010). On y retrouve les pays des Nords mais également plusieurs pays des Suds comme les États pétroliers rentiers du Moyen-Orient ainsi que des pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Afrique du Sud auxquels s’ajoutent, plus récemment, le Mexique, le Viêt Nam et la Turquie), ce qui traduit un certain rattrapage. Certains de ces pays étaient auparavant classés à un niveau de développement moyen dans lequel demeurent certains pays émergents comme l’Inde ou l’Afrique du Sud.
- Les pays les moins avancés. Ce sont les pays les plus pauvres et les plus en difficulté : leur niveau de développement faible. Ils se situent en Afrique subsaharienne, dans la Corne de l’Afrique, ainsi qu’en Asie centrale (Afghanistan, Mongolie) ou dans les Caraïbes (Haïti). Certains pays voient leur niveau de développement régresser en raison de conflits (c’est le cas, en 2018, de la Syrie, du Yémen et de la Libye).
Mesurer la pauvreté pour évaluer le mal-développement
- L’indice de pauvreté multidimensionnelle. En 2010, le PNUD met en place l’IPM (Indice de Pauvreté Multidimensionnelle) calculé à partir d’une dizaine d’indicateurs (malnutrition, mortalité infantile, accès à des sanitaires, accès à l’eau potable, l’électricité, etc.) afin d’évaluer le degré de privation que subissent les plus démunis dans les Suds.
B. Des inégalités qui se renforcent à toutes les échelles
Des progrès inégaux
- Le recul de l’extrême pauvreté dans le monde. Le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,90 $ par jour et par personne) a diminué de plus d’un milliard en trente ans, alors même que dans le même temps, la population mondiale est passée de 4,5 milliards à plus de 7 milliards de personnes. En 2018, 10,7 % de la population mondiale dispose de moins de 1,90 $ par jour pour vivre, contre plus de 42 % en 1990.
- Des améliorations réelles. Les inégalités entre les populations des pays pauvres et des pays riches ne se résument pas aux écarts de revenus. Elles se traduisent par des conditions de vie très différentes. Des progrès importants ont ainsi été réalisés dans l’accès à l’eau potable, à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, au logement. Le recul de la grande pauvreté est spectaculaire en Asie de l’Est et Pacifique, porté par la Chine et le Viêt Nam.
- Des écarts colossaux. En 2018, un enfant né en Norvège (1er IDH mondial) a de grandes chances de vivre jusqu’à 82 ans et de rester scolarisé jusqu’au moins 18 ans, alors qu’un enfant né au Niger vivra moins de 60 ans et aura été scolarisé 5 ans.
Une ligne de fracture entre les « Nords » et les « Suds »
- Les pays des Nords, des pays riches et développés. Ces pays au développement ancien ont fondé leur croissance sur l’économie de marché. Même s’ils ne regroupent que 17 % de la population mondiale, ils dominent l’économie planétaire grâce à leur capacité d’innovation et à leur économie de plus en plus tertiarisée. Les besoins essentiels de la population y sont assurés ; la démographie et l’urbanisation sont contenues.
- Les pays émergents, un essor récent et très inégalitaire. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ont connu un développement spectaculaire mais générateur de fortes inégalités. Les choix des États ont pu atténuer les inégalités : la Chine possède un meilleur cadre social et éducatif et plus d’infrastructures dans les zones rurales que l’Inde.
- 47 Pays les moins avancés (PMA). 33 se trouvent en Afrique subsaharienne, région du monde la plus appauvrie et souffrant le plus du mal-développement. L’austérité imposée à travers les Programmes d’ajustement structurel des années 1980 et 1990 a également lourdement pesé. Les indices du mal-développement y sont nombreux.
Des inégalités à toutes les échelles
- Les inégalités sont fortes entre les régions d’un même pays C’est le cas par exemple en Chine avec l’opposition entre une Chine littorale développée et mondialisée et une Chine intérieure, rurale et marginalisée.
- Elles se renforcent également à l’échelle urbaine. Dans les quartiers défavorisés des métropoles des Nords, chômage, précarité et exclusion sociale fragilisent les populations. Dans les pays en développement, les inégalités touchent les campagnes mais aussi les villes dans lesquelles les pauvres occupent les quartiers informels, appelés bidonvilles (favelas au Brésil, slums en Inde), eux-mêmes alimentés par l’exode rural et les migrations.
- De fortes inégalités entre les sexes dans les Suds comme dans les Nords. Les femmes sont plus souvent touchées par la pauvreté et ont souvent un accès inégal à l’éducation.
C. Une pluralité d’acteurs du développement
Le rôle des États dans les modèles de développement
Des institutions internationales qui agissent à l’échelle mondiale
- Le Programme des nations unies pour le développement (PNUD). Il a pour objectif de réduire les inégalités à toutes les échelles, y compris les inégalités de genre. Le droit à l’eau a été défini par l’ONU en 2002 comme « un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable » tandis que le droit à l’alimentation a conduit à la création d’une équipe spéciale de haut niveau sur la crise alimentaire en 2008, à l’initiative du secrétaire général des Nations unies.
- Le PNUD promeut également une démarche durable dans l’usage des ressources planétaires : les objectifs de développement durable prennent le relais pour 2030 des Objectifs du Millénaire. Le développement durable permet d’améliorer le niveau de vie de tous en ménageant la planète.
Les ONG : entre dénonciation et intervention
- Les organisations non gouvernementales (ONG) comme Action contre la faim, Médecins du monde, Amnesty International alertent l’opinion publique. Elles peuvent également intervenir sur les problèmes de la planète et dénoncent notamment les inégalités de développement.
- Les activités des associations vont de la surveillance de situations de crise à l’assistance d’urgence sur le long terme grâce à des programmes d’intervention multisectoriels. Les ONG disposent de financements d’États et d’entreprises mais reposent aussi sur les dons des particuliers et l’implication bénévole de leurs membres. Entre 2012 et 2015, Action contre la faim a ainsi porté secours à 12 millions de personnes.
Récits
Allemagne et Turquie : pays vieillissant, pays jeune
Cet exemple vise à mettre en parallèle deux pays de taille comparable, et proches par les liens économiques et migratoires qui les relient. La Turquie et l’Allemagne sont dans des situations bien différentes. L’Allemagne a profité d’une situation très favorable par le passé, avec une population active importante et peu de retraités (années 1960) mais elle est aujourd’hui vieillissante, et le taux de fécondité est nettement inférieur à 2,1 ce qui ne permet pas un renouvellement des générations. Ces éléments risquent d’avoir un impact important sur l’économie du pays.
La Turquie est un pays jeune, avec un taux de fécondité qui s’est stabilisé autour de 2,1 enfants par femme. Les personnes âgées sont encore peu nombreuses. Si l’on ajoute à cela le dynamisme économique de la jeunesse, le pays devrait pouvoir être très dynamique économiquement dans les années qui viennent. Même si le vieillissement finira par se faire sentir à moyen terme.
Russie: Ressources naturelles : des richesses mal partagées
La problématique du développement en Russie est particulière pour deux raisons : premièrement en raison du passé récent du pays, qui a été touché par une transformation complète de son système économique, politique et social suite à l’effondrement de l’URSS ; deuxièmement car le poids des ressources naturelles dans l’économie est très important. Les ressources naturelles (pétrole, gaz) sont une chance pour valoriser la Russie. Elle possède de très importantes ressources naturelles, de nature diverse. Ces richesses vont permettre le développement de régions isolées (Sibérie). Elles pourraient permettre d’investir dans la science ou l’éducation. Il faut mieux distribuer la richesse issue des ressources naturelles. Pour l’instant, une minorité capte une grande part des revenus de ces ressources : les oligarques, et une grande partie de cet argent va dans les dépenses militaires. Il est nécessaire de mieux redistribuer ces revenus à toute la population, à travers des services (santé, éducation…) et des aménagements (routes…). Le pays devrait sortir de cette dépendance car elle est risquée (si les prix baissent) et elle ne favorise pas l’innovation. Il faut réinvestir les revenus des ressources naturelles dans l’éducation et l’innovation pour faciliter la création d’entreprises innovantes, notamment dans les services et les hautes technologies.
Pays vieillissant, pays jeune (Allemagne, Turquie)
Ressources naturelles des richesses inégalement partagées en Russie
La Russie d'aujourd'hui
Vocabulaire
Accroissement naturel* : différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès ; il peut être positif ou négatif.
Croissance économique : augmentation durable de la
production de richesses, mesurée à partir de l’évolution du PIB.
Développement : processus d’amélioration des conditions et de la qualité de vie d’une population.
Pays émergent* : pays dont la croissance économique est forte et rapide, et où les conditions de vie s’améliorent, mais pour une partie seulement de la population (Russie, Mexique, Afrique du Sud, Chine, Inde, Argentine, Turquie).
Seuil de renouvellement de la population : niveau moyen de fécondité (soit 2,1 enfants par femme) qui permet de maintenir l’effectif de la population à un niveau stable.
Transition démographique* : évolution démographique caractérisée par une première phase de baisse de la mortalité, suivie d’une deuxième phase de baisse de la natalité.
Développement durable : développement qui permet la satisfaction des besoins des générations actuelles sans compromettre celle des générations futures. Il est fondé sur trois piliers : économique, social et environnemental.
Émergence : croissance économique forte et rapide et amélioration des conditions de vie, dont est cependant exclue une partie importante de la population.
IDH* (indice de développement humain) : indicateur mesurant le niveau de développement d’un pays à partir du PIB par habitant, de l’espérance de vie et du niveau d’éducation. Il varie de 0 à 1.
IDHI (indice de développement humain ajusté selon les inégalités) : IDH recalculé en tenant compte des inégalités en matière de santé, d’éducation et de revenus.
Trajectoire démographique : type d’évolution d’une population sur plusieurs générations résultant des évolutions de la natalité et de la mortalité.
Vieillissement de la population : augmentation de la part de personnes âgées dans une population liée à la diminution de la fécondité et de la mortalité.
Diversification : fait de développer des activités économiques variées. Contraire : spécialisation.
Dividende démographique : croissance économique potentielle quand la population active est plus nombreuse que la population ne travaillant pas encore ou ne travaillant plus.
Économie de rente : économie faiblement diversifiée reposant sur l’exploitation des ressources naturelles.
IDE (Investissements directs à l’étranger) : placements de capitaux effectués par une entreprise dans un pays différent du sien.
Politique de redistribution : politique menée par un État pour atténuer les inégalités sociales entre individus, en particulier de revenus.
Mondialisation : intensification des flux de toute nature (humains, matériels, immatériels) à l’échelle mondiale accentuant les interdépendances entre les territoires et les sociétés.
Ségrégation socio-spatiale* : séparation des habitants dans différents quartiers, en fonction de leurs revenus ou de leurs catégories sociales, culturelles ou ethniques.
Taux de pauvreté : part de la population vivant avec moins de 1,90 $ par jour selon l’ONU. Mais la pauvreté n’est pas mesurée partout à l’identique (en France, c’est le plus souvent 60 % du revenu médian, soit 1 000 euros mensuels).
IPM* (indice de pauvreté multidimensionnelle) : calculé à partir d’une dizaine d’indicateurs (malnutrition, mortalité infantile, accès à des sanitaires, accès à l’eau potable, l’électricité, etc.) afin d’évaluer le degré de privation que subissent les plus démunis dans les Suds.
Date de dernière mise à jour : 30/01/2023