La France : mobilités, transports et enjeux d’aménagement
Connaissances
La France : mobilités, transports et enjeux d’aménagement
Comment les mobilités mettent-elles les territoires français en concurrence ?
Pourquoi et comment améliorer les mobilités ?
Introduction
➔ La France est parcourue par de nombreux flux humains, à toutes les échelles. Les Français ont en effet souvent besoin de se déplacer, pour de nombreuses raisons.
➔ Ces flux utilisent des réseaux de transport. Ceux-ci sont inégalement répartis sur le territoire, reflétant et accentuant les contrastes entre les espaces français, plus ou moins bien connectés à l’Europe et au monde.
➔ Les mobilités génèrent aussi des nuisances, que les pouvoirs publics cherchent à réduire.
I/ DIFFERENTES MOBILITÉS A DIFFÉRENTES ÉCHELLES
A - Les mobilités à l’échelle nationale
PONCTUELLES - Le territoire français est traversé par des MOBILITÉS INTERREGIONALES : ce sont des déménagements entre régions. Ces mobilités sont principalement à destination des régions du Sud et de l’Ouest et, à l’intérieur de ces régions, vers les grandes métropoles. A l’inverse, les régions du Nord et de l’Est ont un solde migratoire négatif. Ces mobilités observent donc des flux Nord et Est => Sud et Ouest. Ces mobilités peuvent être liées à l’emploi (nouvel emploi, mutation professionnelle), aux études (essentiellement à destination de Paris), ou à la recherche d’un meilleur cadre de vie (en particulier pour les retraités). Le sud attire ainsi par son héliotropisme (climat doux).
SAISONNIERES - De plus, le territoire est traversé par de nombreux FLUX TOURISTIQUES. La France est ainsi la 1ère destination touristique mondiale (en 2017 elle a accueilli 87 millions de touristes étrangers, surtout Européens). Mais les Français eux-mêmes se déplacent pour le tourisme, surtout l’été et l’hiver, attirés d’abord par le littoral et la montagne. Les espaces les plus attractifs pour le tourisme sont les grandes villes (Paris surtout : l’IDF accueille 30% des nuitées !) pour leur patrimoine culturel, et les régions du Sud de la France (littoraux ensoleillés l’été, montagnes l’hiver). Ces flux sont, pour l’essentiel, des flux saisonniers (vacances scolaires, etc.).
B - Des mobilités locales très intenses
La majorité des mobilités en France sont des mobilités quotidiennes. Il s’agit d’abord des MOBILITÉS PENDULAIRES. Ainsi 85% des Français se déplacent plusieurs fois par jour. Les mobilités pendulaires entre le domicile et le travail représentent 50 minutes de trajet par jour en moyenne. La voiture est le mode de transport privilégié (à 70%).
Ces mobilités sont le plus souvent dans le sens périphérie → centre le matin, et centre → périphérie le soir. Mais il existe aussi des mobilités transversales (périphérie → périphérie).
Ces mobilités sont de plus en plus importantes, car les lieux d’habitation sont de plus en plus éloignés des lieux de travail. En effet, les populations habitent de plus en plus loin de la ville-centre, s’installant dans les COURONNES PERIURBAINES (causes : prix de l’immobilier plus bas, plus d’espace et meilleur cadre de vie) alors que l’emploi est concentré dans la ville-centre et les banlieues.
On parle de plus en plus de MOBILITÉS TRIANGULAIRES pour qualifier les mobilités quotidiennes.
II/ L’ORGANISATION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT EN FRANCE
A - Les différents types de réseaux de transport
Le territoire français dispose de nombreux réseaux de transports complémentaires, car interconnectés. RÉSEAU DE TRANSPORT : Ensemble d’axes (lignes) de transports connectés entre elles par des nœuds (hubs) plus ou moins importants et complexes. Des flux y circulent.
Les réseaux aériens et de Lignes à Grande vitesse (LGV) sont très polarisés par Paris et présentent une forme en étoile : Paris est ainsi reliée aux grandes villes de province. Depuis Paris, on peut prendre le TGV et joindre Lille en 1h, Bordeaux en 2h ou Marseille en 3h. Par avion, toutes les grandes villes sont joignables en moins de 1h30, depuis Paris. Cette réduction de la DISTANCE-TEMPS se fait d’abord au profit des métropoles : il est possible de vivre à des centaines de km de son travail. (Il faut 2 fois moins de temps pour faire Paris-Bordeaux qu’en 1971 !).
Le réseau autoroutier, comme le réseau ferroviaire classique (TER, Corail, etc.) ou le réseau routier, sont peu polarisés et plus équilibrés. Les transversales sont bien développées. Par exemple, la liaison autoroutière Bordeaux-Lyon (5h). On parle de réseau maillé. 87% des mobilités en métropole empruntent le réseau routier et autoroutier national.
CONNEXION - Les réseaux de transport français sont enfin connectés aux réseaux européens. Ces connexions ont parfois nécessité des aménagements, comme les ponts sur le Rhin, les tunnels de Fréjus et du Mont blanc dans les Alpes, le tunnel sous la Manche, etc... .
B - Des inégalités de desserte à toutes les échelles
1 - A l’échelle nationale
ESPACES BIEN DESSERVIS Le Nord et l’Est de la France sont intégrés au reste de l’Europe. L’axe Paris-Lille, la vallée de la Seine, la vallée du Rhône et la vallée du Rhin sont très bien desservis (multimodalité). Ce sont des espaces riches et peuplés : les mobilités et flux (marchandises) y sont élevés.
ESPACES MAL CONNECTÉS Le centre, le Sud et l’Ouest, à l’exception de l’axe Paris-Bordeaux, sont mal desservis. Les zones de montagne, les espaces ruraux et les territoires d’Outre-mer (accessibles surtout par avion) sont les plus ENCLAVÉS et les plus mal connectés au réseau mobile. Ce sont des espaces peu peuplés.
1 - A l’échelle locale
Les grandes villes sont les nœuds principaux des réseaux de transport, où se croisent les grands axes. C’est aussi dans les grandes villes que les transports en commun sont les plus développés (surtout dans la ville-centre et en banlieue : figuré linaire pointillés noirs). Ainsi, dans le centre-ville de Lyon, existent plusieurs grandes PLATEFORMES MULTIMODALES. Comme celle de la gare Jean Macé, où s’interconnectent la route, le TER, le Bus, le métro et le tramway. Les mobilités y sont très faciles : cet espace est très bien connecté au reste de l’aire urbaine de Lyon, mais aussi de la France et du monde (le tramway amène à l’aéroport et à la gare TGV Lyon Part-Dieu).
La desserte s’affaiblit à mesure qu’on s’éloigne de la ville-centre. Les espaces de la couronne périurbaine bénéficient d’une moindre densité et diversité des modes de transport. Surtout les espaces les plus éloignés des autoroutes. Mais même ceux qui en sont proches peuvent souffrir de l’EFFET TUNNEL.
III. LES MULTIPLES ENJEUX DES MOBILITÉS EN FRANCE
A - Réduire les inégalités de transports à toutes les échelles : l’AMÉNAGEMENT
Les politiques publiques ont pour objet d’améliorer la desserte du territoire et de réduire les inégalités, grâce à l’AMÉNAGEMENT (construction d’un équipement sous contrôle public, destinée à favoriser le développement à diverses échelles).
➔ A l’échelle EUROPÉENNE et MONDIALE : les réseaux de transports sont essentiels car ils connectent les territoires à l’Europe et au monde. Ils rendent les territoires connectés très attractifs pour les entreprises étrangères. Il s’agit donc d’améliorer la connexion de la France à l’extérieur, pour renforcer son poids dans la mondialisation par des connexions autoroutières, la modernisation des aéroports, etc. Ces actions sont menées par la France et les États voisins.
Cependant, le centre et le sud de la France sont toujours mal connectés à l’extérieur.
➔ A l’échelle NATIONALE, ces politiques sont conduites et financées par l’État, via le Commissariat général à l'Égalité des territoires (CGET). Il s’agit donc de mieux relier certains territoires au réseau national, par des aménagements : le viaduc de Millau dans l’Aveyron et la ligne TGV Paris-Bordeaux ont ainsi pour but de désenclaver le sud-ouest de la France, comme le plan « France haut-débit » destiné à améliorer la couverture numérique du territoire. Les politiques de CONTINUITÉ TERRITORIALE sont destinées à rompre l’isolement de la Corse et des DROM.
➔ A l’échelle RÉGIONALE et LOCALE, les aménagements sont décidés et financés par les COLLECTIVITÉS TERRITORIALES : régions, départements, métropoles, communautés de communes, communes. Souvent avec l’aide de l’État (et même de fonds de l’U.E.). En effet les collectivités territoriales ont intérêt à développer ces réseaux afin de rendre leur territoire plus attractif (pour les populations et les entreprises). Dans les grandes aires urbaines, les collectivités multiplient les lignes de transport en commun (tramway, nouvelles lignes de métro et de bus, etc.) pour mieux relier les banlieues défavorisées. Les axes les plus saturés sont élargis, modernisés. Mais ces aménagements sont très coûteux : ils ne concernent que très rarement des zones rurales, où les collectivités n’ont que de faibles budgets.
B - Réseaux de transport et environnement
L’augmentation des mobilités entraîne l’artificialisation des sols (certains aménagements comme les gares multimodales artificiellement même les sous-sols), et la hausse de la pollution, surtout en zones urbaines touchées par d’importants embouteillages : la voiture particulière, utilisée pour 70% des trajets, rejette d’importantes quantités de CO².
L’aménagement des réseaux de transport doit donc prendre en compte l’environnement. Les collectivités et l’Etat cherchent à réduire le poids de la voiture individuelle dans les mobilités pour limiter la pollution en développant des modes de transport alternatifs (transports en commun, pistes cyclables…), mais cela concerne surtout les grandes métropoles. Des réglementations sont aussi instaurées : à Paris, les voitures les plus polluantes sont interdites les jours de pollution (vignette Crti’Air). Sur l’ensemble du territoire, de nouvelles pratiques comme le covoiturage (BlaBlaCar) permettent aussi de limiter le nombre de voitures qui circulent.
Source des connaissances : cours de Yann Bouvier
Date de dernière mise à jour : 21/04/2021